« Start to talk » (« Donnons de la voix ») est une campagne lancée par le Conseil de l’Europe à l’adresse des pouvoirs publics des pays membres et des mouvements sportifs nationaux afin qu’ils prennent les mesures de prévention et de protection nécessaires pour lutter contre les abus sexuels sur les enfants. Les acteurs du sport francilien sont, bien sûr, concernés.
L’opération « Donnons de la voix » concerne les Gouvernements, certes, mais aussi les clubs ainsi que les associations et les fédérations sportives, sans oublier les sportifs et les entraîneurs. L’idée est, comme l’explique le Conseil de l’Europe, que « les adultes parlent et prêtent leur voix aux enfants ».
Car, faut-il le rappeler, le sport est, hélas, propice à la commission d’abus sexuels. Pourquoi ? Parce que, insiste le Conseil de l’Europe, « les rapports de force déséquilibrés, l’autoritarisme et les structures basées sur la récompense créent des relations de peur et de dépendance, ce qui ouvre la voie à la vulnérabilité et aux abus de pouvoir. La disparition des obstacles naturels du fait des contacts physiques inévitables, de la proximité physique avec des adultes dans les douches, les vestiaires et dans des espaces confinés expose aussi les enfants à diverses formes de violences sexuelles. » A cela s’ajoute, comme très souvent, la peur du scandale qui amène les instances aussi bien que les individus à garder le secret, quitte à empêcher les victimes de s’inscrire dans une démarche de résilience et à conforter, de facto, l’impunité des coupables.
Donnons de la voix contre les violences dans le sport.
Le milieu sportif n’est pas épargné par les violences sexuelles faites contre les enfants. Nous devons briser ce tabou et protéger les enfants. #119AlloEnfanceEnDanger #JournéeMondialeDeLenfance
Publiée par Gouvernement sur Mercredi 20 novembre 2019
Des outils d’information destinés aux éducateurs
Pire, plus la cible de tels abus est jeune, plus elle sera prisonnière de sa peur, de sa honte et nourrira même un sentiment de culpabilité. Les tout petits peuvent ne pas avoir conscience qu’il y a eu un abus tandis que les adolescents peuvent s’imaginer qu’ils vivent une relation. L’amour du sport, la pression de leurs camarades, les tabous entourant la sexualité ou encore, l’admiration vouée à l’entraîneur sont autant d’incitations tacites au silence quand bien même celui-ci s’avère-t-il douloureux et destructeur.
A l’aune de ces périls, les instances européennes plaident pour le renforcement des législations, des politiques et des services mais également de la sensibilisation et de la formation des encadrants. Autre piste, l’échange de bonnes pratiques entre les pouvoirs publics et le mouvement sportif. Concrètement, il s’agit, pêle-mêle, d’élaborer des stratégies et des codes de conduite dans le secteur du sport pour protéger les enfants ; de former les professionnels (entraîneurs, managers et décideurs politiques) ; enfin, de diffuser les connaissances et l’expertise en facilitant l’accès aux informations et à un réseau d’experts.
L’importance de la cause autant que la pertinence des moyens afférents ont donc conduit, le 20 novembre, la ministre des Sports, Roxana Maracinenau, et le secrétaire d’État chargé de la Protection de l’enfant, Adrien Taquet, à relayer et à déployer, en France, le programme « Donnons de la voix ». Et ce, auprès du mouvement sportif, des services déconcentrés, des établissements du réseau Grand Insep, des associations d’élus, de l’Agence nationale du Sport mais également des Fédérations sportives et donc, indirectement, des ligues et comités régionaux. Par ailleurs, le ministère des Sports a déjà mis en place des outils d’information destinés aux éducateurs et engagé le déploiement de sessions de formation à l’intention des responsables sportifs et des entraîneurs. De même, depuis août dernier, un tour de France des établissements du Grand Insep (Creps, écoles, établissements) est en cours pour sensibiliser sur le sujet 5 000 jeunes sportifs et leur encadrement. Un discours porté, sur le terrain, par l’association Colosse aux pieds d’argile et son fondateur, l’ancien rugbyman Sébastien Boueilh, lequel avait été invité à présenter son action lors de la dernière Assemblée générale du CROS Île-de-France.
Contrôler de manière systématique l’honorabilité des encadrants bénévoles
A noter que le ministère des Sports a lancé, en octobre dernier, en région Centre – Val de Loire, avec la Fédération française de football (FFF), une expérimentation visant à contrôler de manière systématique l’honorabilité des encadrants bénévoles. En effet, si les éducateurs sportifs titulaires d’une carte professionnelle font l’objet de vérifications systématiques annuelles, via une consultation automatisée du bulletin n°2 du casier judiciaire et du Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAISV), il en va autrement pour les éducateurs sportifs bénévoles pour lesquels le respect de cette obligation légale n’est pas systématique. Le but est donc de proposer un cadre automatisé qui permettrait d’offrir aux fédérations un service de contrôle de l’honorabilité de l’ensemble des éducateurs sportifs bénévoles ainsi que des exploitants d’Établissements d’activités physiques et sportives (EAPS). Ladite expérience est censée aboutir à la formalisation des conditions dans lesquelles cette offre de service pourrait leur être proposée. Ce qui implique, au préalable, d’évaluer la charge administrative que cela induirait pour le mouvement sportif ainsi que pour les services de l’État et d’identifier les éventuels obstacles ainsi que les leviers à activer pour faire aboutir les choses.