Les Présidents des CDOS franciliens sont unanimes : les mesures qui accompagnent le reconfinement sont un coup de poignard donné au sport. S’ils ne nient aucunement la nécessité de prendre des précautions qui s’imposent à tous, ils jugent le dispositif excessif et contradictoire au point de menacer directement l’avenir de nos associations.

Paris

« À Paris, la situation est très complexe avec beaucoup de clubs très différents même si tous subissent les mêmes restrictions. Certains sont très solides avec des trésoreries à l’unisson tandis que d’autres sont de petite taille et n’ont pas de trésorerie ni de solution pour attendre que cette mauvaise période soit passée. Et ce, alors que les frais continuent de courir d’autant que les loyers parisiens sont chers. À terme, c’est d’abord pour eux que je crains. Je pense que les sanctions vont plutôt s’abattre sur eux. Je ne sais pas encore si le chômage partiel va de nouveau être mis en place dans les clubs comme cela a été le cas lors du premier confinement. Il y aura des disparitions de ceux qui n’ont pas les structures suffisantes pour tenir le coup mais je pense qu’une fois que l’on sera sorti de cette pandémie, la vie reprendra ses droits et l’envie de faire du sport sera encore plus forte. Se maintenir en forme et avoir une activité physique vont devenir une évidence. Dans le même esprit, empêcher les enfants de pratiquer en club est une aberration car il est crucial de maintenir la société en bonne santé, ne serait-ce que pour rivaliser avec ce genre de virus. Il est incohérent d’avoir tout supprimé alors qu’il aurait suffi de faire confiance aux clubs en leur imposant un protocole sanitaire qui aurait permis la pratique aussi bien pour les mineurs que pour les adultes. Malheureusement, l’État n’a pas voulu croire que c’était salvateur dans le combat contre la Covid-19. En revanche, on l’a fait pour l’école en estimant que la continuité scolaire est indispensable. »

Frédéric Laférrière
Président du CDOS 75

Seine-et-Marne

« Nous sommes un grand département et, pour l’heure, nous n’avons pas encore beaucoup d’informations sur tous les clubs. Le gros problème va être les petites structures qui vont, à mon avis, souffrir dans les semaines à venir. Or, il y en a beaucoup en Seine-et-Marne. Vont-elles tenir ? Les statistiques nationales font état en moyenne d’une baisse de 25 % des prises de licence. Les gens auront-ils toujours de l’argent pour leurs loisirs sportifs ? Certains clubs permettent à des enfants de continuer à pratiquer sans payer de cotisation parce que les parents n’ont plus les moyens de l’acquitter. Par ailleurs, on constate que le sport peut être pratiqué en milieu scolaire mais pas en dehors. Cela paraît surprenant. Tout le monde demande de tous les côtés des mesures de soutien. Le problème est de savoir si le Gouvernement pense que le sport doit ou pas être sauvé. Des aides ont été octroyées lors du premier confinement. Le moindre mal serait de les renouveler. Aujourd’hui, la plupart des clubs vont être obligés d’en solliciter de nouvelles. Est-ce que ce sera possible ? Le problème de l’avenir des enseignants dans les clubs va également se poser. Certains seront placés en chômage partiel mais d’autres risquent d’être licenciés faute d’un nombre suffisant d’adhérents. Or, beaucoup de clubs n’auront de surcroît pas la trésorerie nécessaire pour payer les indemnités correspondantes. »

Francis Huet
Président du CDOS 77

Yvelines

« Les clubs amateurs de taille petite ou moyenne vivent de subventions de plus en plus réduites et surtout de cotisations acquittées par leurs membres. Or, aujourd’hui, le problème se pose concernant ce volet suite à la baisse moyenne de 10 % du nombre de licenciés dans les associations. Sachant que la demande va actuellement vers des activités et des pratiques sportives plus personnelles. Ce qui veut dire que des gens qui étaient auparavant licenciés peuvent continuer à faire le même sport sans retourner dans un club. Cela va être le cas de certains qui vont tirer prétexte du reconfinement pour ce faire. Il ne faut pas non plus oublier la motivation des bénévoles. Ils viennent dans les clubs parce que le moteur tourne, si je puis dire. Là, il n’y a plus rien. Comment voulez-vous maintenir la flamme qui fait qu’un bénévole s’engage sans arrière-pensée et sans bénéfice aucun pour le club de sa ville ou de son village ? Il va y avoir toute une perte en ligne. Il y a également un problème de cohérence des mesures, en particulier en ce qui concerne les mineurs qui vont en classe mais qui ne peuvent pas pratiquer en club. Il faudrait arriver, d’une part, à maintenir une certaine activité sportive pour les jeunes, quitte à opérer des modulations et, d’autre part, à faire en sorte que les clubs amateurs conservent une activité minimale qui leur permette de continuer à vivre même à petit feu. »

Jean-Claude Redon
Président du CDOS 78

Essonne

« L’ensemble du mouvement sportif est assez désespéré par la situation. A la rentrée, beaucoup d’efforts ont été faits pour mettre en place des dispositifs adaptés à la situation même si les villes ont parfois complexifié les choses en rajoutant des contraintes différentes selon les équipements et les publics. Il a fallu procéder à des ajustements. Fin septembre, début octobre, les gens étaient quand même plutôt assez positifs dans la mesure où ils avaient trouvé des clubs qui fonctionnaient. Puis, dès lors que les villes ont commencé à réinterdire certaines choses comme les compétitions et la présence de public, on est retombé dans quelque chose de très confus. A présent, le mouvement sportif est totalement à l’arrêt. Le fait de se retrouver confronté à une interruption totale alors que des dispositifs sérieux avaient été mis en place pour protéger les pratiquants génère une grande inquiétude, en particulier quant au manque de visibilité. C’est l’ensemble de l’organisation du sport qui est mise en difficulté. Les mesures gouvernementales de soutien sont plutôt destinées aux entreprises et non pas aux associations fonctionnant sur la base du bénévolat. La difficulté est d’imaginer sous quelle forme l’activité sportive pourra reprendre. Nous redoutons de ne pas pouvoir repartir et que les organisations soient trop instables pour pouvoir reconstruire une vie associative nécessaire à l’activité sportive et à la population. Encore une fois, nous avons besoin de visibilité à ce niveau-là »

Pierre-Philippe Bureau
Président du CDOS 91

Hauts-de-Seine

« La crainte est d’assister à une baisse drastique des effectifs, pouvant aller jusqu’à 25 % dans les clubs. Dans notre département, 66% des structures que nous avons sondées ont constaté ce phénomène, en particulier chez les adultes. Concernant ces derniers, beaucoup avaient commencé à faire du sport de manière individuelle en s’appuyant sur des tutoriels. Il n’est pas certain qu’ils retourneront dans les clubs. La saison dernière avait déjà été très perturbée et chahutée. Les clubs avaient à peu près réussi à limiter la casse en évitant les remboursements de cotisation et en accordant des avoirs à ceux qui reprenaient une licence à la rentrée. Le processus venait de débuter et l’on commençait tout juste à voir un peu revenir les gens. Et là, patatras, reconfinement. Sans compter, auparavant, les disparités réglementaires selon les villes. Les installations sportives sont la propriété des municipalités qui doivent jongler avec les autorisations d’ouverture et les mesures sanitaires. Rien n’est simple… Je crains que le bout du tunnel ne soit pas pour tout de suite. S’il y avait des mesures d’assouplissement, ce serait, bien sûr, une bonne chose. J’attends aussi de l’équité quant aux possibilités d’organiser les compétitions. Là encore, cela va être extrêmement complexe de trouver des pistes car on n’a pas de date butoir. »

Jean Di Meo
Président du CDOS 92

Seine-Saint-Denis

« Pour ce qui est des licenciés, les remontées du terrain font état d’une baisse de leur nombre pouvant être supérieure à 20 %. Je redoute aussi une perte des bénévoles qui ne sont plus dans une dynamique  d’aide régulière à leur club. Une sorte de lassitude s’installe qui est imposée par le confinement et qui fait que les gens sont un peu moins mobilisés et ont moins envie d’aller sur le terrain. Enfin, il y a une crainte relative au sport santé dans la mesure où le fait de ne plus pratiquer de sport pourra avoir des répercussions dans quelques semaines ou plusieurs mois avec, à la clef, la survenue de problèmes médicaux qui n’auraient peut-être pas eu lieu sans cette inactivité forcée. Car pendant ce temps, les gens n’auront pas suffisamment pris soin d’eux ou auront reporté des examens qui auraient permis de détecter plus tôt des pathologies. Idem en ce qui concerne les personnes qui font du sport sur ordonnance. En théorie, celui-ci demeure possible. Cependant, certains clubs ont du mal à le mettre en place en raison de la fermeture des équipements. Jusqu’à présent, il n’a pas été prouvé que les clusters naissent dans les clubs. Nous aimerions un assouplissement des restrictions pour certaines disciplines, notamment celles qui ont lieu en extérieur. Nous ne sommes pas opposés aux mesures gouvernementales en elles-mêmes mais il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. »

Bruno Giel
Président du CDOS 93

Val-de-Marne

« Il faut redouter la disparition des petits clubs. Depuis la rentrée, les adhésions commençaient à reprendre. Ce n’est plus le cas parce que les gens ne peuvent pas pratiquer. A cela s’ajoute une incertitude financière dans la mesure où les clubs n’ont aucune activité. Les mesures prises par le Gouvernement sont complètement illogiques. On permet aux enfants d’être les uns à côté des autres dans les cantines scolaires, sans précaution particulière, mais on ne les autorise pas à faire du sport en club alors que là, toutes les précautions étaient prises, dans les gymnases et sur les terrains. Les clubs n’ont pas été récompensés. Pourtant, ils appliquaient tous les protocoles requis et on leur transmettait systématiquement les consignes des pouvoirs publics en la matière. Je n’attends rien du Gouvernement parce que lui-même ne sait pas… Nous espérons que le ministre des Finances considère le monde sportif dirigé par les bénévoles autrement qu’il le fait actuellement, c’est-à-dire comme rien du tout. En effet, comme d’habitude, il l’ignore complètement et ne discute qu’avec les acteurs du sport professionnel. Or, des clubs qui n’ont pas de salarié mais, encore une fois, que des éducateurs bénévoles ne bénéficient d’aucune aide. Ces clubs sont néanmoins des acteurs sociétaux qui font tourner le sport et assurent la formation des futurs champions. »

William Leguy
Président du CDOS 94

Val-d’Oise

« Dans le Val-d’Oise, la majorité des disciplines recensent une baisse de 20 à 30 % du nombre de licenciés avec toutes les difficultés que cela va engendrer pour les clubs, en particulier en ce qui concerne les moyens financiers dont ils vont disposer. La fermeture de la plupart des installations sportives et l’interdiction de la pratique quotidienne de diverses disciplines vont provoquer une perte d’adhérents. Sans compter le fait que cela empêche les associations sportives scolaires de fonctionner. En outre, le fait que les entraîneurs ne puissent plus intervenir sera synonyme de dégradation des acquis et de rupture des apprentissages. Il faut certes prendre des mesures sanitaires draconiennes mais la plupart des clubs et des disciplines avaient fait en forte de mettre en place des protocoles et des pratiques adaptés. À mon sens, cela aurait autorisé une poursuite a minima des activités et de garder contact avec son club tant pour les mineurs que pour les adultes. C’est ce que je souhaite. Outre la pratique, il y a tout ce qui a trait à la convivialité et à la sociabilité, lesquelles sont malheureusement en train de disparaître. La Ministre dit que le sport est bon pour la santé et là, les gens ne peuvent plus en faire de manière encadrée. C’est dramatique. »

Dominique Petit
Présidente du CDOS 95

Propos recueillis par Alexandre Terrini