Alors que les Jeux paralympiques de Tokyo battent leur plein, un coup de projecteur, aux allures d’état des lieux, sur le handisport et le sport adapté en Île-de-France s’imposait, notamment pour recenser les pistes à explorer afin de renforcer leur croissance.
L’offre de pratiques handisports tend à s’étoffer
Le handisport francilien, ce sont 181 clubs et 3 180 licenciés. Sachant qu’en théorie, dès lors qu’une association prend en charge du public en situation de handicap, elle doit être affiliée à la Fédération française handisport (FFHandisport). A ceci-près que pour certaines disciplines, à l’image du tennis, la FFHandisport n’est plus détentrice de la délégation et ne les gère donc pas, qu’il s’agisse de leur implantation ou de la dimension compétitive.
« Pour autant, l’offre de pratiques tend à s’étoffer, tempère Olivier Hélan-Chapel, Président du Comité d’Île-de-France handisport. C’est un élément incontournable pour gagner en visibilité et augmenter significativement le nombre d’handisportifs, ce qui est notre ambition. Pour cela, nous mettons l’accent sur la formation afin d’avoir davantage d’encadrants diplômés. Par ailleurs, nous multiplions les initiations et les démonstrations lors de diverses manifestations, tels l’Agglo Fun Tour qui s’est récemment déroulé à Lieusaint, en Seine-et-Marne, ou le prochain Salon Autonomic qui aura lieu à Paris, en octobre. C’est en allant vers les gens, que ce soit dans les centres-villes ou dans les Instituts médico-éducatifs (IME), que nous convaincrons ceux qui sont éligibles de franchir le pas. » Avec un obstacle de taille : « les organismes qui s’occupent d’eux ne nous communiquent pas leur identité ni leurs coordonnées. Nous ne pouvons donc pas nous adresser directement et individuellement à eux pour leur présenter le handisport et les possibilités qu’il recèle, regrette Olivier Hélan-Chapel. Il est impératif de trouver une solution, certes en respectant le secret médical, tant le sport est générateur d’épanouissement et de vie sociale. Il permet de lutter contre le repli sur soi et l’exclusion. »
Les clubs handisports n’étant pas légion, quand bien même sont-ils référencés sur les supports de communication de la FFHandisport, il est crucial de s’appuyer sur les clubs de valides pour qu’ils acceptent d’élargir le spectre de leurs adhérents. C’est avec cet objectif que s’est tenue il y a quelques semaines, à l’instigation du CROS Île-de France, du Comité d’Île-de-France handisport et de Ligue d’Île-de-France du sport adapté, une réunion avec l’ensemble des ligues et des comités régionaux et départementaux afin qu’ils relaient cette exigence et incitent leurs clubs à se tourner vers le handisport.
Ce qui commande que ces derniers s’acculturent au monde du handicap, c’est-à-dire soient familiarisés avec les principales pathologies et en capacité d’identifier quelles activités sont les plus prédestinées aux uns et autres. Avec, à chaque fois, un dispositif dédié en termes d’entraîneur(s) et de plages horaires.
A cette fin, lesdites structures peuvent compter sur le soutien du Comité d’Île-de-France handisport qui, en sus de son concours pour mener à bien les démarches administratives essentielles et la mise à disposition de ses agents, leur dispense notamment un abécédaire rappelant les fondamentaux de l’accueil en matière d’handisport. Autre partenaire incontournable, la Région Île-de-France qui « épaule financièrement les entités désireuses de mettre en place un accès aux personnes handicapées, se félicite Olivier Hélan-Chapel. Pour cela, il convient de monter un dossier de demande de subvention qui précise les contours et l’effectivité avérée du projet en question. »
Le sport adapté dans une dynamique de développement
Le sport adapté est souvent perçu comme le parent pauvre du paralympisme. Avant que l’épidémie de Covid-19 ne s’abatte sur le pays, l’Île-de-France ne comptait d’ailleurs que 4 000 licenciés, ce qui la classait au quatrième rang national alors que son vivier eut dû la porter à la première place. Pour autant, la dynamique actuelle est celle du développement. Le retour, en 2012, du sport adapté au programme des Jeux paralympiques tout autant que le nombre accru de films consacrés à ce type de handicap y ont contribué en étant autant de bonnes occasions de communiquer et donc de promouvoir le sujet.
« Même s’il ne s’agit plus d’un tabou que l’on cache, les handicaps que l’on retrouve dans le sport adapté, comme l’autisme, la déficience intellectuelle etc. sont invisibles et demeurent donc, pour beaucoup, abstraits. A la clef, une méconnaissance tant de ces caractéristiques que de l’existence d’une fédération et d’une ligue régionale spécifiques au sport adapté », nuance, toutefois, Bruno Hennebelle, Président de la Ligue d’Île-de-France du sport adapté. Aujourd’hui, en Île-de-France comme ailleurs, les clubs ont été créés par des établissements médicaux-sociaux ou par une association préexistante. Autre scénario, le plus fréquent, l’avènement d’une section sport adapté au sein d’un club classique.
Néanmoins, l’essor de ces pratiques est un combat quotidien. Pour cela, outre des actions de sensibilisation auxquelles prend régulièrement part le CROS Île-de-France en apportant une aide logistique, la Ligue d’Île-de-France participe également à Sport en’Semble, l’opération mise en place par le CROS dans le cadre de laquelle les participants, composés à 50% de valides et à 50 % de personnes en situation de handicap, s’adonnent à des activités physiques et sportives partagées.
Surtout, la Ligue de sport adapté d’Île-de-France propose des formations dédiées, telle l’Attestation de qualification sport adapté, à l’intention de tous ceux qui officient dans ce secteur, encadrants professionnels comme bénévoles. Encore méconnus, ces cursus sont une précieuse opportunité de maîtriser l’approche pédagogique nécessaire pour toucher ce type de public. Autre écueil, le fait que ce dernier ne soit pas prioritaire et ne bénéficie donc que très rarement de l’octroi de créneaux au sein des installations sportives propriété des villes.
« Avec ces personnes qui requièrent souvent des temps d’apprentissage nettement plus longs, c’est d’abord une aventure humaine qui implique avant tout de chercher à connaître l’Autre », résume joliment Bruno Hennebelle. L’enjeu vaut bien de se démultiplier afin de faire avancer les choses. Ainsi la Ligue d’Île-de-France du sport adapté s’est-elle rapprochée des collectivités territoriales et des pouvoirs publics pour accompagner et orienter, dès le diagnostic et sous toutes les formes, ceux qui sont atteints de déficience comportementale. En particulier, via les Unités localisées d’inclusion scolaire (Ulis) et les services sociaux de l’enfance. Pour que le sport pour toutes et tous à tous les âges de la vie ne soit pas qu’un vœu pieux.
Alexandre Terrini