Source Ville de Paris
Le 20 août 1922, alors que le CIO refusait l’intégration des femmes dans toutes les disciplines des Jeux Olympiques classiques, Alice Milliat organisait les premiers Jeux Olympiques féminins, autrement appelés Jeux Mondiaux féminins. Cet évènement historique reste plus que jamais d’actualité pour le Comité Régional Olympique et Sportif d’Île-de-France qui à travers les « Sport’En Filles » poursuit sa mission d’émancipation et d’éducation par le sport.
Un bras de fer historique
Le saviez-vous ? Ce n’est qu’à partir de l’année 1900 que les femmes peuvent prendre part aux Jeux Olympiques, mais seulement pour les épreuves dites « compatibles avec leur féminité et leur fragilité ». Elles sont donc automatiquement exclues des grandes épreuves de l’athlétisme par exemple, mais acceptée dans des disciplines comme l’escrime, le tir à l’arc ou le tennis qui sont, à l’époque, des sports pratiqués par l’aristocratie.
C’est avec ce constat qu’Alice Milliat, en 1917, décide de fonder la Fédération Sportive Féminine Internationale afin de contrer le Comité International Olympique et faire entendre la voix des femmes dans le sport de haut niveau. Après deux refus de Coubertin pour ouvrir les Jeux aux femmes, elle prend alors la décision de rassembler des femmes à Paris pour une compétition olympique. C’est ainsi que sont organisés les premiers « Jeux Olympiques féminins », en 1922 à Paris.
Néanmoins, à la fin de la compétition, le CIO décide de déposer le nom « Olympique », les jeux féminins devront alors prendre le nom de « Jeux Mondiaux » pour les éditions suivantes : Göteborg en 1926, Prague en 1930 et la dernière édition, Londres en 1934. Malgré de nombreuses critiques dans la presse, ce sont près de 6000 spectateurs qui viennent chaque jour voir les épreuves lors de la dernière édition de Londres en 1934.
Ce combat de l’époque reste plus que jamais d’actualité tant les jeunes filles, nombreuses à l’adolescence, arrêtent ou se détournent de la pratique sportive régulière. Pourtant, les rôles modèles ne manquent pas et les performances des athlètes féminines qui sont les meilleures ambassadrices d’un sport pour toutes et tous s’enchaînent. Manque de visibilité ou de médiatisation continue à freiner la promotion du sport féminin. Un constat partagé par Eric Florand qui décide de créer en 2015 la fondation Alice Milliat après des années d’entreprenariat et de productions dédiées au sport féminin. Il nous explique son engagement : « Le Sport féminin doit beaucoup à Alice Milliat et il a fallu trouver un modèle économique spécifique autour de projets concrets que nous pouvions porter avec une fondation reconnue d’utilité publique qui a permis à titre d’exemple de récolter 140.000 euros de dons en 2021 et financer ainsi les « Trophées Alice Milliat » ou encore le Festival de documentaire « Les Sportives en lumière ».
Un devoir de mémoire nécessaire
Dans le cadre de ce centenaire, différentes actions ont été menées le 20 août 2022 notamment dans le 12ème arrondissement, là où se sont déroulés ces fameux premiers Jeux Mondiaux féminins. Exposition, spectacle de danse, diffusion de films, sport et culture étaient liés pour une manifestation gratuite accessible à toutes et tous.
La mairie de Paris présente une exposition de photos retraçant le déroulé de ces Jeux Mondiaux féminins, préparée par l’historienne Florence Carpentier, à découvrir aux Arènes de Lutèce dans le 5ème arrondissement et au Jardin Villemin dans le 10ème arrondissement, mais aussi en ligne.
Eric Florand aux côtés d’Aurélie Bresson, Présidente de la fondation et Brigitte Henriques, Présidente du CNOSF
Une parité évoluant au fil des années
Les Jeux Mondiaux d’Alice Milliat furent un tremplin dans la participation des femmes aux Jeux Olympiques, puisqu’avec les années, les mentalités évoluent, et le sport féminin est davantage démocratisé, et cela se voit dans les chiffres : 13% de femmes pour les JO de Tokyo en 1964 et 23% à Los Angeles en 1984. Même si chaque sport reflète toujours les préjugés genrés (équitation, gym…), le CIO décide en 1990 que toutes les épreuves des JO doivent obligatoirement comporter des épreuves féminines. Ainsi, lors des JO de Londres en 2012, les femmes représentent 44% des athlètes présents. La parité devenant un objectif primordial pour le CIO, toute l’attention est portée sur l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Une volonté partagée par Eric Florand « c’est une avancée extraordinaire que d’espérer avoir des Jeux Paritaires dans la patrie d’Alice Milliat avec des mentalités qui bougent à tous les niveaux. Depuis un an, ce ne sont pas moins de 10 équipements sportifs qui vont prendre son nom ».
Au CROS Île-de-France, le sport féminin et la parité sont des thématiques centrales qui animent les équipes sous l’impulsion de la Présidente Evelyne Ciriegi, également Présidente de la Conférence Régionale du Sport : Depuis des décennies, nous organisons des événements tels que Sport en’Filles ou Sport en’Mixte. Le premier consiste à faire pratiquer des activités sportives pour des groupes composés à 100% de jeunes filles de structures de jeunesse issues de QPV. Pour Sport en’Mixte, il s’agit du même concept mais pour des groupes constitués à 50% de filles et 50% de garçons. Ces événements sont organisés afin d’encourager les jeunes filles à pratiquer une activité physique régulière, encadrée en club, et pourquoi pas créer de nouvelles vocations et attirer et former les pépites sportives de demain. Il nous revient à tous d’éduquer, dès le plus jeune âge, à la pratique d’un sport qui rassemble et réunit sans préjugé et sans discrimination. Nous pouvons depuis tant d’années porter ce message auprès notamment des publics fragilisés ou éloignés de la pratique sportive avec le soutien fidèle de l’ANS et de la Région Île-de-France à nos côtés pour faire de la jeunesse francilienne, une jeunesse sportive et engagée.