Source France Karaté 2020
On peut douter de tout, sauf d’une équipe de France féminine combat. Bien que considérablement rajeunie, le trio (un quatuor en fait) féminin tricolore était une nouvelle fois parvenu à se hisser en finale, la cinquième consécutive (!), en battant notamment les Égyptiennes, les seules à les avoir fait dévier, en 2014 à Brême. Mais face à elles, une autre histoire en marche, celle du Japon, rouleau-compresseur insensible à tout autre récit que celui de son triomphe à venir, à Tokyo en 2020. Son trio féminin avait montré sa fiabilité en tableau en sortant notamment les Turques d’entrée, les Iraniennes et les Espagnoles futures troisièmes. Les Japonaises pouvaient, sur l’élan collectif, faire succomber les Françaises.
La main passe aux « gamines »
Après la remarquable disposition d’hier – une Leïla Heurtault irrésistible en ouvreuse, une Laura Sivert exceptionnelle avec ses jambes pour châtier en contre les aventureuses adverses et Léa Avazeri pour conclure en cas d’exception – le sorcier Yann Baillon avait un peu changé la donne pour cette finale de tous les dangers. Leïla Heurtault était toujours devant, et faisait un combat efficace, mais plus posé face à l’excellente Natsumi Kawamura. Première à Paris et Hambourg l’année dernière, troisième encore à Tokyo pour le dernier tournoi majeur de l’année, il fallait serrer le jeu. La Française marquait le premier point, mais le coach japonais obtenait le nul. Et on allait en rester là pour ce premier combat. Pas de score-fleuve protecteur, les deux « gamines » avaient le destin de l’équipe en main. Gamines ? Après Léa Sivert, vingt-et-un ans, sélectionné en 2017 en espoirs, c’était au tour de la double championne d’Europe juniors 2014 et 2015 Andréa Brito, Thiais (94), vingt-et-un ans aussi depuis un mois, d’entrer en piste, et derrière elle pour tenir la barre, toujours Léa Avazeri, une championne d’Europe et championne du monde espoirs 2017 de vingt ans.
De l’or pour les braves
Sans doute une sacrée pression pour Andréa Brito que de faire son premier combat après plusieurs jours d’attente et de gamberge et à un tel niveau d’enjeu. Sans doute, mais cela ne s’est pas trop vu. Manifestement plus motivée qu’effrayée par l’idée d’avoir à aller chercher cette médaille d’or, elle se mettait dans un mode patient face à Ayara Saito, championne du monde espoirs 2016, en bronze à Istanbul et Berlin cette année. Elle obligeait son adversaire à sortir, et c’est finalement elle qui marquait en sortie de corps-à-corps à l’entrée de la dernière minute ! Le point marqué, Andréa Brito devait faire face aux tentatives de jambe dangereuses de Saito qui cherchait à placer son excellent ura-mawashi flexible… mais c’est elle qui en profitait pour balayer la jambe d’appui et planter un énorme atémi ! Un geste parfait et quatre points d’avance, les Françaises étaient à la porte du paradis.
Seulement, c’était Ayumi Uekusa, championne du monde +68kg en 2016, déjà médaillée en 2014 et 2012, finaliste encore cette année, et en haut de tous les podiums depuis deux ans, qui affrontait Léa Avazeri ! Elle était, bien sûr, de taille à prendre le combat et à marquer assez de points pour renverser la vapeur. Sauf que la jeune Française affichait déjà une confiance, une autorité de patronne. Affaiblie par ses parcours successifs et un échec difficile à digérer une heure plus tôt en finale des individuels, la Japonaise ne parvenait pas à prendre la championne du monde espoirs en défaut. Et, à trente secondes de la fin, c’est elle, la jeune Française, qui faisait lever les drapeaux pour un contre rapide sous la pression. Souveraine, Léa Avazeri contrôlait avec facilité la fin de combat, marquant peut-être un mawashi « oublié » par les arbitres, et sûrement un dernier point conclusif dans les dix dernières secondes.
Cette nouvelle équipe de France emmenée par Leïla Heurtault, guère plus vieille que les autres avec ses vingt-trois ans, venait d’emporter un titre majuscule. Et se faire la promesse de lendemains qui chantent. La Marseillaise bien sûr.