Le budget du ministère des Sports devrait être en hausse dans la Loi de Finances 2020 si les montants qui figurent dans le projet soumis aux parlementaires sont votés tels quels. Une embellie qui doit cependant être nuancée lorsque l’on s’attarde sur son origine.
De 524 à 710,42 millions d’euros, soit +9,8 % : l’augmentation substantielle du budget des Sports, annoncée le 27 septembre par la ministre Roxana Maracineanu, est d’autant plus flatteuse que celui-ci avait été en baisse pendant deux années consécutives. « Nous sommes là », s’est réjouie la successeuse de Laura Flessel. Une manière de redire que la disparition, prédite par certains, du ministère des Sports au profit de l’Agence nationale du Sport (AnS), récemment créée, n’était pas pour demain.
Des équipements de proximité légués aux 10 millions de franciliens
Néanmoins, cette réévaluation est avant tout due à celle (de 65 à 129,25 millions d’euros) de la dotation versée à la Solideo, l’établissement public chargé de financer et de superviser les chantiers des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Ces travaux portent sur des équipements sportifs franciliens (centre aquatique olympique de Saint-Denis, sites d’entraînement…) comme sur des opérations d’aménagement du territoire (village Olympique et village des médias). « Des dizaines de gymnases, piscines, complexes sportifs seront construits ou rénovés en Île-de-France pour devenir des centres d’entraînement pendant les Jeux, promet le ministère. Autant d’équipements de proximité qui seront légués aux 10 millions de franciliens en héritage des Jeux et qui contribueront à augmenter le nombre de pratiquants de sport sur l’ensemble du territoire. »
Autre source de majoration, le fait qu’à compter de 2020, le ministère des Sports prendra en charge les salaires d’environ 1 600 Conseillers Techniques Sportifs (CTS) qui officient au sein des Fédérations, soit un surcoût de 120,84 millions d’euros. Des éléments qui expliquent que des élus aient, au final, dénoncé un « budget en trompe-l’œil ».
68,1 millions iront aux clubs amateurs
Et ce, d’autant que la contribution du ministère à l’Agence nationale du Sport restera stable en 2020, à hauteur de 284 millions d’euros. Une manne dont la répartition sera votée par les quatre parties qui composent la gouvernance de l’AnS, à savoir l’État, les collectivités locales, le mouvement sportif et le monde économique. Toutefois, il est question que 90 millions d’euros soient dévolus à la haute performance (dont 61,1 millions d’euros pour le soutien aux projets de performance des Fédérations sportives ; 12,9 millions d’euros pour le soutien aux athlètes de haut niveau ; 9 millions d’euros pour les équipements structurants nationaux accueillant des compétitions internationales et 6 millions d’euros pour le soutien du haut niveau régional). Par ailleurs, 194 millions d’euros seront destinés à favoriser le développement des pratiques sportives. Concernant ce deuxième grand poste, 68,1 millions iront aux clubs amateurs (via les Projets Sportifs Fédéraux (PSF) et les structures territoriales hors PSF) et 48,25 millions d’euros au maintien du financement de 5 070 emplois structurants dans 4 500 associations sportives tandis que 45 millions d’euros seront dédiés aux équipements sportifs territoriaux.
Ce qui n’a pas empêché le député La République En Marche (LREM) François Cormier-Bouligeon, Président du groupe d’études sport à l’Assemblée Nationale, de demander, comme d’autres de ses collègues avant lui, le déplafonnement des taxes affectées au sport, en l’occurrence celles prélevées sur La Française des Jeux et sur les paris sportifs ainsi que la taxe Buffet sur les droits télés. Les élus souhaitent en outre que ce qu’elles rapportent soit intégralement reversé au secteur sportif alors qu’une partie de leur produit sert, à ce jour, à alimenter le budget général de l’État.
Alexandre Terrini