Source Ministère chargé des Sports
Après la conférence de presse de la Présidence française et de la Commission Européenne organisée à l’issue du Conseil EJCS (Education, Jeunesse, Culture et Sport) le 4 avril 2022 au Luxembourg, voici les propos liminaires de Roxana Maracineanu, ministre française chargée des Sports, et de Mariya Gabriel, Commissaire à l’innovation à la recherche, la culture, l’éducation et la jeunesse.
« Bonjour à toutes et à tous. Alors cette session « Sport » du Conseil des ministres de l’Union européenne s’est tenue, évidemment, comme les autres sessions dans un temps particulier, celui du drame de la guerre en Ukraine, de la guerre en Europe. C’est pourquoi nous avons voulu entendre une intervention Vadym HOUTSAIT, le ministre de la Jeunesse et des Sports ukrainien qui a été avec nous juste avant le débat d’orientation de cet après-midi et nous avons tous été émus, impressionnés et encore plus convaincus qu’il fallait agir en solidarité, en soutien du peuple ukrainien et particulièrement des sportifs, entraîneurs, dirigeants sportifs ukrainiens par son appel à la solidarité.
Je voulais, d’une part, saluer la réaction ferme, unie et solidaire des États membres et de leurs concitoyens, de la société civile et particulièrement du monde associatif général mais aussi sportif en particulier, saluer aussi la réaction unique et immédiate qu’a eue le mouvement sportif olympique, international, européen poussé par nos fédérations nationales des différents pays.
Aujourd’hui, c’est dans ce contexte où cette agression non provoquée de l’Ukraine par la Russie est unanimement dénoncée que nous avons débattu des valeurs européennes et particulièrement des valeurs européennes pouvant être portées par le sport et par les instances sportives à nos côtés.
Nous nous sommes posé la question du rôle du mouvement sportif pour défendre ces valeurs et notre modèle européen qui reposent sur le respect des droits de l’Homme, qui reposent sur un État de droit et de paix, qui reposent sur la démocratie et aujourd’hui particulièrement sur la solidarité, bien sûr, sur la solidarité avec le peuple ukrainien.
Nous nous sommes posé la question de quelle solidarité, quelle régulation, quelle organisation pour le mouvement sportif pour les États pour, peut-être, l’Union européenne qui devra se positionner, devront se positionner et proposer quelque chose face à l’émergence de nouveaux acteurs dans le monde du sport, face à de nouvelles pratiques du sport engendrées notamment par la crise sanitaire, face aussi à des nouvelles attentes de notre société civile et notamment vis-à-vis du sport qui devient un média de plus en plus prégnant dans notre société. Comment garder l’ambition du sport de haut niveau et de la performance tout en concentrant les moyens et notre énergie à mieux identifier, mieux valoriser et développer les fonctions sociales, éducatives et sanitaires du sport dans une dimension européenne ?
Nous avons fait aboutir, également, aujourd’hui les conclusions qui ont été adoptées à l’unanimité sur le sport comme levier de transformation de nos comportements face aux enjeux environnementaux et de développement durable et j’ai pu, à cette occasion, remercier les ministres d’avoir signé et enrichi un texte ambitieux qui fait écho à l’engagement de la Commission sur les sujets de santé et qui a vocation à contribuer à installer l’idée et à installer, également, une réalité d’une responsabilité sociale et environnementale du sport.
Nous avons, enfin, conclu ce débat par l’annonce des priorités de la présidence tchèque de l’Union européenne par le ministre Gazdík qui va donner une continuité à ce thème écologique d’un pacte vert pour le sport en abordant des sujets sur la construction des installations des infrastructures sportives qui respectent des enjeux qui concernent l’environnement et le développement durable.
Lors du déjeuner informel, j’ai choisi un thème qui me tient particulièrement à cœur et que j’ai porté de toutes mes forces pendant les 4 ans de mandat dans lequel j’ai été ministre des Sports en France : l’égalité femmes hommes dans le sport. C’était la grande cause du quinquennat d’Emmanuel Macron annoncée en 2017 et le Président a atteint son objectif sur le sujet en grande partie grâce au sport. Ce sujet qui concerne principalement la démocratie dans nos sociétés, il a été installé dans différentes lois en Europe puisqu’à l’image de la France, différents pays ont dit avoir inscrit dans la loi la parité à l’horizon de quelques années, avoir limité, également, le nombre de mandats et évoqué aussi cette notion de transparence et de démocratie plus grandes à avoir et à constater dans le sport dans les prochaines années.Il y a eu également un sujet très important sur la protection des publics et notamment des femmes dans le sport, des sujets qui concernent les violences et le harcèlement à l’encontre les femmes, mais également la prise en considération d’un thème très important qui est celui de la maternité que ce soit dans les carrières des sportifs de haut niveau mais aussi des entraîneurs, des arbitres ou des personnes qui souhaitent s’engager dans le sport.
Nous avons évoqué également un thème très en lien avec l’égalité femme-homme, c’est-à-dire l’éducation au sport et à l’engagement dès le plus jeune âge ; la reconnaissance, également, des compétences acquises dans ces domaines dans le cadre des compétences reconnues par l’école. Nous avons aussi évoqué le fait de critériser et de conditionner les financements des États à une meilleure reconnaissance de ce thème dans les politiques sportives des différents pays et j’ai pu échanger avec la Commissaire sur l’ambition que nous devons avoir au niveau des États et également de la Commission de montrer la voie vers un 50% de femmes présentes dans les instances sportives.
Je vais laisser la commissaire peut-être vous dire aussi les conclusions qui ont été débattues dans le débat d’orientation et je lui cède donc la parole. »
« Merci beaucoup Madame la ministre, chère Roxana. De mon côté, je voudrais remercier la présidence française et vous Madame la ministre pour l’organisation de ce Conseil sur les sujets dans le sport. Je voudrais aussi vous remercier d’avoir organisé cette séquence avec le ministre ukrainien, c’était un témoignage émouvant, fort, mais qui nous a aussi donné de la force à nous pour être encore plus coordonné et de joindre plus la parole aux actes. Donc je voudrais aussi de mon côté rapidement passer en revue les différents sujets et ce que moi j’ai pu partager avec les ministres sur ces sujets, tout d’abord évidemment l’importance du sport et de l’activité physique en tant que levier pour le développement durable. Madame la ministre, c’est un sujet qui vous tient énormément à cœur, nous avons participé ensemble à la conférence que vous avez organisée au mois de mars et nous avons vu à quel point il est important d’agir collectivement. Chacun peut jouer un rôle.
Évidemment c’est aussi le sport qui a un rôle majeur à jouer pour devenir un modèle dans la transition écologique et les conclusions de ce Conseil le démontrent. Comme je l’ai fait en séance avec les ministres, je salue la suggestion d’ajouter cette dimension de la durabilité dans les travaux sur le modèle européen du sport. L’idée aussi d’identifier des ambassadeurs du sport vert au niveau des États membres afin de promouvoir les pratiques sportives durables est très positive. Dès lors, je voudrais aussi le dire, les objectifs de développement durable sont au cœur de notre ambition pour bâtir une Europe plus verte, une Europe résiliente, et qui soit évidemment mieux préparée face aux transitions majeures que nous vivons.
Ceci a été aussi rappelé dans le dernier rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. L’urgence climatique est là et c’est pourquoi rendre le sport plus vert est aussi une priorité de la Commission. J’ai donné aussi un exemple avec un projet pilote qui sera lancé très rapidement, dans les prochaines semaines, c’est le projet pilote qui est prévu pour 2022 : Sport for people and planet, qui permettra d’inciter, d’encourager les citoyens européens à participer activement à des mesures durables grâce à l’activité sportive.
Enfin, bien évidemment, notre cher programme Erasmus + reste un élément essentiel, un instrument pour développer des connaissances, des compétences, des pratiques positives en matière de changement climatique, pour soutenir le développement durable au sein de l’Union européenne et bien évidemment à l’échelle internationale. Au-delà de cette thématique, nous avons débattu, vous l’avez dit Madame la ministre, de l’impact nécessaire du sport pour promouvoir les valeurs de l’Union européenne, et ce débat est étroitement lié à la situation terrible en Ukraine. Je voudrais redire ici combien l’Union européenne se tient aux côtés de l’Ukraine et des Ukrainiens et il est en effet primordial de défendre et de préserver les valeurs de liberté, de paix, de démocratie qui sont les fondements de notre projet européen. Et nous avons vraiment tous été émus par les athlètes qui les ont publiquement et courageusement défendues et ils ont notre soutien également. Je voudrais aussi le dire, tout comme la culture, le sport incarne des valeurs universelles parmi lesquelles l’intégrité, l’inclusion, le respect des Droits de l’Homme, le refus de la violence.
Des principes fondamentaux tels que l’égalité entre les hommes et les femmes doivent aussi être pris en compte. Dès lors, oui, la Commission défend aussi la construction d’un modèle sportif européen qui est basé sur ces principes. Par ailleurs le monde sportif européen, dont les succès nous rendent collectivement fiers, attirent des investisseurs étrangers. Si cette dynamique est positive, certaines applications liées à la commercialisation du secteur pourraient véritablement nous éloigner des valeurs premières du sport, nous devons rester vigilants. Vous l’avez vu, jusqu’ici la Commission a réagi immédiatement et fermement, ceci continuera à être le cas. Enfin, le débat a démontré que le sport et les athlètes ne peuvent pas, ne doivent jamais, être les otages de la situation actuelle liée au conflit en Ukraine et ils ont véritablement besoin de notre plein soutien.
C’est pour cela que la Commission se tiendra également à disposition des États membres pour que, suite aux propositions, aux exemples qui ont été donnés aujourd’hui, qu’on puisse rester unis et coordonnés. Enfin, deux mots évidemment sur le sujet de l’égalité homme-femme, notamment avec le débat que nous avons eu au moment de déjeuner, je sais à quel point Madame la ministre ce sujet vous tient à cœur, vous venez de dire aussi tout le travail qui a été fait pendant les quatre dernières années ou en tout cas tout au long de votre mandat. Pour nous, pour la Commission européenne, c’est un sujet de très haute importance, ce n’est pas un hasard si j’ai créé un groupe d’experts de haut niveau qui a rendu son rapport public où il y a des recommandations très concrètes sur comment avoir plus de femmes, pas seulement dans le sport et dans les activités physiques, mais d’arriver dans les positions de prise de décision, dans la gouvernance, d’avoir plus de femmes entraîneurs.
Évidemment qu’il n’y a pas de solution miracle mais évidemment aussi, comme on l’a vu, que c’est par le biais d’exemples précis comme ceux que vous avez partagés avec nous et ce que la France a mis en place que nous pouvons y arriver. De notre côté, en tant que Commission, évidemment que nous allons répondre de manière concrète à ces recommandations. Cela passera par une jeune athlète qui joindra les ambassadeurs de la semaine européenne du sport. Évidemment qu’on se rencontrera au forum européen du sport à Lille pour reparler et garder le sujet haut dans l’agenda et évidemment ici ça sera très important qu’on réfléchisse à ce qu’il y ait des fonds dédiés à ce sujet pour que les États membres puissent faire fructifier ces pratiques et ces bons exemples qu’ils ont.
Enfin, aussi de mon côté, de souhaiter bon vent à la présidence tchèque, nous avons entendu quelles sont leurs priorités. On est touchés par la défense de ces valeurs, on voit à quel point ces sujets vont être aussi portés haut avec le drapeau tchèque de la présidence, mais il est vrai aussi qu’ils ont attiré l’attention sur l’accessibilité des infrastructures de recherche, combien c’est important qu’on puisse tous rester coordonnés pour que le sport puisse ne pas être réservés à quelques-uns mais qu’il puisse véritablement donner la possibilité à tout le monde de montrer son potentiel de s’engager et ce pour toute la vie et pas pour une période donnée. »