Le troisième week-end de mai a fait la part belle à des rendez-vous majeurs dédiés au handisport et au sport adapté. Retour enrichissant sur leur déroulé.
La cinquième édition de la Rencontre pour l’autisme se tenait le 15 mai, au stade et au Palais des sports Auguste Delaune, de Saint-Denis. Une manifestation qui a fait florès et qui, au fil des ans, propose au programme un nombre accru de disciplines, des sports de combat qui ont été précurseurs en la matière, en passant par les arts martiaux et les sports collectifs ou encore, l’escalade, le tennis de table, le tir à l’arc. La réussite de ce rassemblement d’envergure, qui a réuni près de 1 000 personnes âgées de 8 à 20 ans, tient aussi à l’importance des moyens humains déployés. Étaient en effet mobilisés les entraîneurs des clubs concernés, des éducateurs de la Ville, sachant que ceux qui sont atteints d’un autisme lourd étaient présents avec un accompagnant attitré.
Aux encadrants de faire l’effort de se former
Différents ateliers étaient proposés concomitamment à des jeunes autistes et à d’autres qui ne souffrent pas de troubles du comportement mais qui ne font pas de sport. « Le but est que les premiers travaillent en inclusion avec les seconds », justifie Sam Berrandou, Directeur de l’Office des sports de Saint-Denis. Le tout dans une démarche d’initiation et de découverte commune. Quitte, cerise sur la gâteau, à susciter des vocations et un passage à l’acte sous la forme d’une prise de licence dans un club à la rentrée prochaine. Un cheminement devenu fréquent. Aux encadrants de ces structures de faire le pas et l’effort de se former pour accueillir de manière la plus adéquate possible ce type de public. « Cela oblige à une remise en question », se félicite Sam Berrandou. A noter que l’Office des sports de Saint-Denis a embauché un éducateur Apa (Activités physiques adaptées) qu’il met a disposition des associations enclines à ouvrir leurs portes à ces pratiquants pas comme les autres.
A Bondy, municipalité qui a vu grandir Kylian Mbappé, la Commission nationale de cécifoot et le Comité régional handisport ont, quant à eux, organisé la Coupe de France de cécifoot les 14 et 15 mai. Une épreuve à laquelle a assisté Evelyne Ciriegi, la Présidente du CROS. Elle a réuni plus de vingt équipes et deux-cents amoureux du ballon rond ainsi que leurs staffs. Parmi eux, des joueurs qui en ont décousu aux Jeux paralympiques de Tokyo et d’autres qui ont été médaillés d’argent à ceux de Londres tels Hakim Arezki et Yvan Wouandji. Tous deux ont été vice-champions paralympiques en 2012 et sont respectivement Président du Comité départemental handisport de Seine-Saint-Denis et ambassadeur du CROS. Le spectacle s’adressait à tous puisque, comme le rappelaient ses promoteurs, l’objectif était que « toute personne en situation de déficience visuelle puisse s’y retrouver mais également de sensibiliser le mouvement sportif et associatif valide ». Mission accomplie, se félicite Olivier Hélan-Chapel, Président du Comité régional handisport. « Cela a été une très belle compétition. Tout le monde en est reparti heureux et satisfait. C’est une pratique qui est assez extraordinaire. Regarder ces athlètes déambuler avec un ballon qu’ils ne voient pas et qu’ils ne font qu’entendre mais qu’ils ont quasiment collé au pied est tout simplement hallucinant. A la clef, une qualité de jeu impressionnante. De nombreux clubs franciliens ne proposent pas de cécifoot. Non pas parce qu’ils n’en ont pas envie mais parce qu’ils ne disposent pas d’un encadrement spécifique. L’objectif est d’en augmenter le nombre, ce qui implique, au préalable, d’attirer des jeunes qui seraient séduits par cette pratique. »
Le CROS a mis en place une action dédiée, Sport En’Semble
A noter que l’handisport transcende les frontières, à l’image des 24es Deaflympics d’été qui avaient lieu, du 1rer au 15 mai, à Caxias do Sul au Brésil. Placés sous l’égide de l’ICSD (Comité international des sports pour les sourds), c’est bel et bien le rendez-vous incontournable du monde sportif sourd. Des Franciliens s’y sont illustrés. Au tableau d’honneur, on trouve en effet Pamera Losange – Entente Franconville, médaillée d’or sur 100 mètres et 200 mètres en athlétisme ; Amadou Meité – Sainte-Geneviève Sports, médaillé d’or en judo (+100 kg) et de bronze (par équipe) ; Margaux Bréjo – Fontainebleau, médaillée de bronze en golf ; ou encore, Noureddine Ouarab et Joffrey Tavares, sociétaires du Club sportif des sourds-muets de Paris et médaillés d’argent en football.
De son côté, le CROS Île-de-France, fondamentalement attaché à l’accès de tous à la pratique sportive, a mis en place une action dédiée baptisée Sport En’Semble. C’est, au demeurant, le dernier-né des déclinaisons « Sport En ». En collaboration avec le Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF), le CROS a en effet lancé en 2020, Sport En’Semble sur la base d’un concept qui se veut égalitaire et inclusif. Il s’adresse à un public composé à 50 % de valides et à 50 % de personnes en situation de handicap (moteur, visuel, auditif, psychique ou mental) prises en charge par des structures spécialisées (Itep, IEM, IME). Tout au long de trois journées, 300 adolescents ont vocation à partager, précisément ensemble, des activités sportives en s’adonnant à plusieurs d’entre elles sous la conduite d’animateurs formés pour cela. Il s’agit de les sensibiliser et, mieux, de les familiariser au handicap en les associant et en les faisant participer simultanément à un même événement.
Alexandre Terrini