Le Directeur du CREPS Île-de-France sis à Chatenay-Malabry, revient sur le fonctionnement de la structure en ces temps de déconfinement et à l’aune de l’important manque à gagner que la pandémie de coronavirus a généré.
Le CREPS s’est montré proactif dans sa gestion du déconfinement…
En effet, la rentrée a eu lieu dès le 18 mai et a été progressive. Au départ, elle n’a concerné que les personnes – encadrants extérieurs et athlètes dans le cadre de leur double cursus – qui suivent des formations professionnelles. Celles-ci ont lieu selon des modalités adaptées dans le strict respect de la distanciation sociale et des gestes barrières. Les groupes de participants ne dépassent pas la dizaine de personnes, enseignants compris.
Quid des athlètes ?
Nous avons de nouveau accueilli des sportifs de haut niveau à partir du 23 mai. Les pôles ont recommencé à fonctionner, là encore progressivement. Néanmoins, chaque athlète ne pouvait reprendre l’entraînement qu’après avoir effectué, soit au sein de sa Fédération soit au CREPS, un bilan médical complet, lequel comprend à la fois un dépistage virologique de la Covid-19 mais aussi une évaluation de l’état physiologique de la personne au regard de sa nécessaire réathlétisation. C’est là une condition sine qua non qui vise à dépister les personnes qui auraient contracté le coronavirus.
De quelle manière s’est déclinée, sur le plan logistique, la pratique de chaque discipline représentée au CREPS, conformément aux fiches ministérielles précisant les modalités de reprise des unes et des autres ?
Chaque Fédération s’est organisée pour les mettre en œuvre. Nous n’avons pas eu à aménager les lieux. Simplement, les entraîneurs ont limité le nombre de sportifs présents afin d’appliquer les règles de distanciation préconisées par les autorités sanitaires. Par exemple, en tennis de table, ils ne sont que quatre tandis qu’en escrime, le staff n’utilise qu’une piste sur deux etc. Seuls les sports collectifs et de combat n’ont pas encore repris. Au total, seul 20% des pensionnaires a réintégré les lieux. Pour ce qui est des repas, la disposition a changé avec seulement deux personnes et non plus quatre par table sans jamais se retrouver face à face. Sans compter un sens de circulation au self et des couverts rangés individuellement. Quant à l’hébergement, la règle est qu’il n’y ait qu’une personne par chambre. Si bien que sur une capacité de 322 lits, seuls 130 peuvent être occupés. Enfin, tous les visiteurs et les agents du CREPS se voient prendre la température dès leur arrivée, à l’accueil. Ils doivent, en outre, préciser la raison de leur venue. Enfin, le port du masque est obligatoire dans l’enceinte. Quant au personnel, il a été très majoritairement placé en télétravail pendant le confinement. Certains le sont d’ailleurs encore. Seuls les agents en charge de l’accueil, de la logistique, de l’administration et de la maintenance mais également certains personnels pédagogiques ont repris le travail, par rotation, en prenant toutes les précautions requises.
Nous avons évité toute rupture des cursus de formation
Comment avez-vous fait pour assurer la continuité des enseignements ?
Nous avons évité toute rupture des cursus et du suivi des enseignements en mettant l’accent sur les formations professionnelles à distance pendant le confinement. De même en ce qui concerne la scolarité des athlètes. Un travail important a été fait dans ces deux domaines. Aujourd’hui encore, cette configuration se poursuit. Seuls ont lieu au CREPS les cours pour lesquels le présentiel est indispensable.
Quel est l’impact financier de cette crise sanitaire sur la structure que vous dirigez ?
Il est énorme. Début juin, nous en étions à 1,3 million d’euros de pertes sur un montant annuel de recettes propres qui s’élève habituellement à environ 4,5 millions d’euros. Même si l’activité commence timidement à reprendre, pendant trois mois, nos partenaires ont logiquement annulé tous leurs stages de formation, de détection et de préparation des sportifs. Par ailleurs, nous n’avons plus facturé l’accueil des athlètes qui résident au CREPS en temps habituel. Je suis forcément inquiet par l’ampleur de cette perte d’exploitation d’autant que cet été, le nombre de personnes présentes sur site sera encore très réduit. J’attends du ministère une aide financière à l’image de celle dont ont bénéficié les entreprises. Et ce, alors que nous ne savons pas encore si nous pourrons retrouver un fonctionnement normal fin août, lorsque les différents pôles effectueront leur rentrée.
Propos recueillis par Alexandre Terrini