Des conditions dantesques comme on dit. Et oui, nager dans un typhon ça peut faire peur mais ce sont les risques de ce sport, on s’adapte.

Après un certain temps, je ne voyais même plus les bouées, le jet ski de tête était mon seul repère et le pilote avait du mal à tenir sur son engin.
17,5 km j’arrive au Ravito et on me crie qu’ils vont peut être arrêter la course à cause des conditions et qu’il faut absolument prendre la tête. Quoi ? Tout de suite ? Je ne peux pas… Si, il le faut, le titre, la médaille, ne penser à rien d’autre que ça, avoir confiance au travail effectué. Ne pas penser qu’en prenant la tête à ce moment là, j’allais me prendre les vagues, relever plus la tête pour regarder où il fallait aller, avoir les autres dans les pieds…
20 km ça y est les bateaux s’approchent et je crois les voir sortir leurs appareils, les caméras pour établir un classement. Tout le groupe s’emballe, ils remontent sur les premières places, il faut que je tienne encore quelques mètres. Ou peut être qu’ils vont nous laisser finir les 5 km restant… Suspense insoutenable, même dans l’eau ! Mais il faut rester lucide, il faut que je garde l’énergie nécessaire pour aller au bout et même jouer le sprint final.
Le dernier tour arrive, ils ne nous arrêterons plus. Il faut que je repasse derrière, j’ai utiliser trop d’énergie.
1250 m, ils craquent les uns après les autres devant moi, c’est le moment, c’est mon moment. Dernière bouée, un peu plus de 800 m, je sais le faire, je l’ai déjà fait et je vais le refaire, c’est maintenant ! Cap à gauche toute ! Bras tendus ! Et c’est parti…
Et voilà le chenal, le russe aussi, et il commence à sprinter. Aller un dernier effort, peut importe la place je me serai battu jusqu’au bout, je ne vais rien regretter, ne respire plus, lève la main et… Touche.