En prévision des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 qui se voudront paritaires en tout points, la rédaction du journal en ligne « Les Sportives » a décidé de mettre en avant une tribune prônant la parité dans les fédérations sportives. Tribune qu’a signée Evelyne Ciriegi, Présidente du CROS Île-de-France, tant cette problématique lui tient à cœur. Retrouvez cette tribune ci-dessous.
« En 2024 et après 100 ans d’attente, la France accueillera les Jeux Olympiques et Paralympiques d’été. Avec la promesse de deux quinzaines de rêves, de partage, de célébration, de fraternité et de sororité, comme seul le sport peut en procurer. Mais l’accueil des Jeux ne se résume pas à une fenêtre estivale enchantée, qui s’éteindra la même année de 2024 à l’issue des épreuves. Les Jeux portent en eux une extraordinaire force d’entrainement et une opportunité qui doit permettre de démocratiser l’accès au sport pour chaque citoyenne et citoyen, de transformer notre société pour la rendre plus inclusive, d’incarner et d’affirmer nos valeurs humanistes aux yeux du monde.
Nous nous devons de bousculer les lignes de l’histoire jusqu’à Paris 2024 mais aussi la promesse d’un après qui soit structurellement solide et éthique. Ne gâchons pas cette occasion unique de faire durablement bouger les lignes.
Notre pays peut se targuer d’organiser les premiers Jeux Olympiques et Paralympiques totalement paritaires avec autant d’athlètes hommes que d’athlètes femmes.
C’est une parité symbolique qui doit faire avancer le débat sur l’égalité femmes-hommes s’il y a un travail de fond qui l’accompagne. Ce respect strict de la parité parmi les athlètes engagé.e.s est l’illustration de la société juste à laquelle nous aspirons, un signal puissant de l’égalité entre les hommes et les femmes à laquelle nous croyons et pour laquelle nous nous mobilisons au quotidien pour l’ancrer durablement. Mais aujourd’hui, des inégalités fortes demeurent dans le monde sportif. Inégalités d’accès à la pratique pour les petites filles, inégalités des primes et salaires, inégalités des moyens alloués au sport au féminin, inégalités de médiatisation, en comparaison de ceux dont bénéficie le sport masculin.
Le sport est pourtant un pilier de l’éducation, un outil au service de la santé publique, un levier d’émancipation dont les femmes sont encore trop souvent privées. A deux ans de « nos » Jeux en France, il est nécessaire d’agir sur le fond et avec force. C’est pourquoi, à l’heure où le Sénat s’apprête à examiner la proposition de loi Démocratiser le sport en France, nous, athlètes, dirigeant.e.s, bénévoles, acteurs.trices du sport, souhaitons affirmer à la représentation nationale notre souhait de voir aboutir une mesure emblématique et cruciale pour réduire ces inégalités : la parité dans la gouvernance du sport.
Nous ne pouvons, en effet, espérer de changement efficace et durable que si la place des femmes est renforcée dans les instances sportives.
C’est une mesure de justice, c’est une question de droits et aussi d’exemplarité. Et si la bonne volonté de nombreux.ses dirigeant.e.s est réelle, aucune mesure n’est plus efficace que la loi pour accélérer le changement, comme l’histoire nous l’a démontré à de nombreuses reprises. Avec seulement 3 femmes présidentes sur 40 fédérations sportives olympiques et paralympiques et 18 sur les 113 fédérations sportives agréées, des instances dirigeantes encore trop largement dominées par des hommes, le sport est à la traine sur le terrain de l’égalité femme-homme.
Cette loi que vous, mesdames les sénatrices et messieurs les sénateurs, vous apprêtez à examiner peut nous faire gagner des années. Le ministère chargé des Sports, les députés et le CNOSF défendent l’instauration de la parité dans les instances dirigeantes nationales du mouvement sportif à partir de 2024 et le principe général de limitation du nombre de mandats à la présidence d’une fédération sportive. Il ne tient qu’à vous de donner à ces aspirations une réalité concrète. Nous comptons sur vous. »