L’ambition de la Stratégie Nationale Sport et Handicaps (SNSH) est d’instaurer les conditions qui fassent que les personnes en situation de handicap comptent de façon proportionnée parmi les trois millions de sportifs pratiquants supplémentaires voulus par le Gouvernement d’ici 2024. Un dispositif qui mobilise l’ensemble des acteurs de terrain, en Île-de-France comme ailleurs, le CROS francilien s’étant emparé de longue date du sujet.
La notion d’inclusion sociale est ici incontournable. Elle a vocation à déboucher sur la possibilité, pour toutes et tous, d’accéder et de pratiquer l’activité physique et sportive de son choix, au niveau de son choix, du sport amateur au sport de haut niveau. Cela vaut, bien sûr, pour les personnes en situation de handicap (PSH), que ce soit avec sportifs valides ou entre pairs.
À cet égard, la SNSH se décline en quatre axes :
- favoriser et faciliter l’accès à une pratique physique et sportive ;
- développer et structurer une offre de pratique adaptée aux besoins ;
- améliorer la performance française aux Jeux Paralympiques ;
- piloter et évaluer.
Les deux premières concernent plus particulièrement les Fédérations, les Ligues, les Comités et les clubs franciliens et autres.
1/ Favoriser et faciliter l’accès à une pratique physique et sportive
Le Gouvernement entend développer le parasport et promouvoir la pratique sportive des PSH dans le cadre du temps scolaire, périscolaire et extrascolaire. Et ce, en renforçant les partenariats éducatifs avec les acteurs sportifs présentant une offre de proximité (mesure 1).
L’objectif est d’intégrer les paradisciplines dans les programmes officiels d’éducation physique et sportive (EPS) qui visent à sensibiliser tous les élèves. Ce qui implique de mettre l’accent sur la formation initiale et continue des enseignants. Autre nécessité : favoriser l’accès au matériel sportif spécifique (fauteuils…), notamment par le biais de conventions avec les comités des fédérations de sport paralympique, permettant ainsi leur mise à disposition. L’objectif est de rendre possible la participation de tous les élèves en situation de handicap aux différents cycles d’apprentissage en EPS.
Pour ce qui est du temps périscolaire, le but est de prendre en compte le parasport dans toutes les manifestations organisées par les Fédérations (USEP, UNSS, UGSEL, FFH, FFSA et Fédérations multisports ou toute autre Fédération agréée impliquée dans la question). Idem à propos du temps extrascolaire où, là, « le renforcement de l’offre de proximité est l’une des clés de l’accroissement de la pratique sportive des PSH. Pour cela, de nombreuses actions et initiatives méritent d’être accompagnées, valorisées, mais également harmonisées pour une action efficace et mesurable » afin « d’amener toutes les Fédérations sportives à s’emparer effectivement du parasport (renforcement de l’offre diversifiée) », recommande le ministère chargé des Sports. Comment ? Par exemple, en favorisant les partenariats entre les acteurs – en particulier les clubs – intervenant lors du temps scolaire, périscolaire et extra-scolaire.
Plus largement il est essentiel de mettre en place un dispositif permettant d’individualiser les réponses aux personnes en situation de handicap (mesure 4). Cette « individualisation (…) est essentielle afin de trouver les solutions les plus adaptées à sa situation », rappelle le ministère. C’est le rôle des Ligues et Comités régionaux, des Comités départementaux et des associations sportives d’y contribuer.
2/ Développer et structurer une offre de pratique adaptée aux besoins
Pour permettre l’accès à la pratique sportive des PSH, l’idée est de formaliser un référentiel commun sous la forme d’un guide général dématérialisé et accessible sur les conditions d’accueil des PSH dans une structure associative (mesure 6). Ce guide général d’information recenserait notamment les ressources disponibles, les contacts, les aspects juridiques, les formations existantes, les démarches de labellisation, les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). Il serait l’occasion de réunir et de valoriser les bonnes pratiques tout en y sensibilisant les acteurs de l’handisport. D’autant que, déplore le ministère, « il existe un déficit d’appréhension des associations sportives et des éducateurs sur les conditions d’accueil des personnes en situation de handicap. Potentiellement, un nombre accru de structures pourraient être en capacité d’accueillir des PSH. » D’où l’intérêt d’un tel document de référence car, explique le ministère, « si de plus en plus de structures accueillent des PSH, encore trop leur refusent l’accès à la pratique sportive, souvent par appréhension ou méconnaissance des dispositifs et de l’accompagnement existant pour permettre un accueil dans de bonnes conditions ».
Sur le plan logistique, il est indispensable de favoriser la mutualisation, le réemploi du matériel technique et sportif dédié aux pratiques sport-handicaps (mesure 7). Cela pour une raison évidente : le besoin en matériels spécifiques est une condition d’accès à la pratique sportive d’un grand nombre de personnes en situation de handicap. Or, les démarches pour en acquérir s’avèrent souvent complexes et d’un coût conséquent. D’où la proposition de lister les acteurs du réemploi du matériel au-delà de la Fédération Française Handisport et de concevoir une plateforme digitale collaborative permettant le référencement et le géo-référencement dudit matériel, de sa disponibilité et des lieux de mise à disposition et d’utilisation.
Autre point, la labellisation via le label Génération 2024 des établissements sociaux et médico-sociaux (ESMS) (mesure 8). L’ouverture de ce label, qui a pour objectif d’encourager la pratique sportive des jeunes au sein des EMS « constitue un levier important du développement de la pratique physique et sportive des jeunes en situation de handicap et vise notamment une inclusion plus effective des élèves en situation de handicap dans les temps scolaires, périscolaires et extrascolaires », justifie le ministère. Et ce, dans le cadre d’animations assurées par les associations sportives des établissements mais également par les associations affiliées en dehors du cadre scolaire. Ce qui conduit à favoriser les partenariats notamment entre les clubs et les ESMS pour développer la pratique d’activités physiques et sportives en direction des jeunes en situation de handicap.
Cet arsenal nécessite de lui octroyer les moyens inhérents à ses ambitions. Autrement dit, de garantir l’accompagnement des acteurs et le soutien aux projets de développement de la pratique sportive pour les personnes en situation de handicap (mesure 9). En clair, sur la part territoriale, il s’agit d’accompagner le développement de la pratique des personnes en situation de handicap au plan local. Dans cette optique, les projets sportifs territoriaux mettront en avant l’emploi (emplois sportifs qualifiés – ESQ et soutien à l’emploi), l’apprentissage et le plan de prévention des noyades en direction des PSH. Quant aux projets sportifs fédéraux, ils comporteront une orientation prioritaire sur la thématique du handisport. Enfin, pour ce qui est de la part nationale, sous la houlette du ministère et de l’Agence nationale du Sport, il est question, entre autres, d’initier davantage de contrats de développement avec les Fédérations délégataires pour maximiser leur offre sportive, de lancer des appels à projets nationaux ou encore de médiatiser les actions parasports.
De manière générale, l’important est de faire œuvre de pédagogie en vue de développer et de mieux faire connaître la pratique et l’offre de pratique handisport. Ce qui invite à informer, à sensibiliser et, surtout, à former les acteurs (mouvement sportif, collectivités territoriales, MDPH…) (mesure 11). « Le manque de formation revient systématiquement dans les freins identifiés pour le développement de la pratique des personnes en situation de handicap, affirme le ministère. Pour autant, et selon le projet de la structure d’accueil, une primo-formation permettant d’appréhender les questions de l’accueil des PSH (notamment lors de la création de sections) semblerait être de nature à lever des premiers freins, parfois liés à l’appréhension et/ou la méconnaissance des caractéristiques du public. Cette primo-formation serait, qui plus est, de nature à permettre la poursuite vers d’autres cursus de formation plus approfondis. »
Accentuer la professionnalisation de l’ensemble des acteurs du sport passe par la densification du volet sport et handicaps des diplômes d’État, l’augmentation du nombre de formations dédiées conduisant à la délivrance des diplômes d’État et la création de modules de formation généralistes à l’image de ceux déjà proposés par les deux Fédérations délégataires (Fédération Française Handisport et Fédération Française du Sport Adapté) et d’autres Fédérations délégataires. Les contenus de ces cursus sont destinés à aborder en particulier la question de la structuration des clubs ainsi que les aspects liés à l’encadrement afin que les structures concernées bénéficient d’une formation initiale indispensable au développement d’un projet sportif pour les personnes en situation de handicap.
Alexandre Terrini